Etude sur l'emprise psychologique







 ETUDE SUR L'EMPRISE PSYCHOLOGIQUE




 Afin de sceller ses alliances et d'assoir sa domination sur sa proie, le pervers narcissique se doit de mettre en place un processus d'emprise psychologique. 

L'objectif du PN est simple : utiliser autrui pour parvenir à ses fins.

En exploitant ses complices et en manipulant sa victime à sa guise, le pervers voit son estime de lui ravivée. Dépourvu d'intériorité, ce dernier assimile sa valeur à sa capaciter à prendre le pouvoir sur les autres.

L'emprise qu'il exerce sur son entourage vise à dissimuler le néant émotionnel qui le régit depuis l'enfance. Le PN a appris à porter des masques et à singer les comportements des autres pour donner l'illusion d'être normal aux yeux de la société, chose qui le rend indétectable.








  Les phases de l'emprise 


1 / La lune de miel


Période de séduction intensive, le pervers narcissique, en fin psychologue, anticipe les desirs de sa proie afin de coller à ses attentes. Usant du mimétisme, il incarne l'idéal de sa future victime puisque cette dernière se reconait pleinenement en son nouvel interlocuteur. L'emprise peut commencer.


Les passages obliges de cette phase sont :


_ Multiplication de compliments ( flatterie, éloge public...)

_ Ecoute particulièrement attentive ( boit les paroles )

_ Valorisation de sa victime

_ Mise en place de projets communs.

_ Enonciation de principes moraux et de valeurs afin de passer pour l'homme providentiel.


2 / L'installation de l'emprise 


Il s'agit de la période où le PN teste son emprise ( donc son pouvoir )  sur sa victime. Si cette dernière s'avère réceptive à la manipulation, le jeu mortel peut commencer.


_ Alternance de chaud et de froid

_ Injonctions paradoxales

_ Communication floue

_ Omniprésence ( appels, emménagement...)

_ Dévalorisation de sa victime ( Le PN reprend les " cadeaux" offerts lors de la phase lune de miel.)

_ Mensonges

_ Chantage affectif

_ Dénégation de la victime auprès de son entourage

_ Dénégation de son entourage à la victime

_ Mise en place de stress emotionnel

_ Promesses non tenues

_ Culpabilisation de la victime

_ Isolement de la victime

_ UTILISATION DE TIERS POUR FAIRE PASSER SES MESSAGES A SA VICTIME : s'il y a un point à retenir en matière de perversion narcissique, c'est celui-là.



3/ La destruction


Quand l'emprise est installée, le pervers narcissique va alors entamer la destruction de sa victime au profit de son égo. Afin que celle-ci reste sous controle, le PN va accélérer son processus en usant de dévalorisations et d'humiliations de plus en plus fréquentes.

_ Période de silence radio

_ Désir de controler sa victime ( habillement / sorties )

_ Humiliation ( privée et publique)

_ Chantage de plus en plus intense

_ Discrédit de sa victime auprès de son entrourage

_ Menaces ouvertes ou sous entendues

_ Coups et menaces

_ Alternance entre moment de répit et d'offensive pour affaiblir sa victime

_ Négation des besoins de l'autre ( sexe principalement)

_ Critiques ouvertes

_ Culpabilisation

_ Inversion des rôles

_ Désir de faire passer sa victime pour folle

_ Prise en otage de l'entourage

Tout cela dans le but afin d'annihiler toutes les défenses psychiques de sa proie afin de la maintenir sous sa domination et pouvoir se nourrir de sa vitalité tout en passant pour un individu normal.

De plus en plus fatiguée, ne parvenant plus à penser, la victime va se retrouver enchainée à son bourreau tant les forces lui manquent pour reprendre sa liberté. Repensant à la période heureuse du début, celle-ci n'aura de cesse de chercher en elle le remède de l'homme qu'elle aime.

En vain. Un pervers narcissique est incurable.

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 Les étapes majeures de l'emprise mises aux nues , nous allons maintenant étudier les méthodes utilisées par le PN afin de rendre possible cet endoctrinement.

A noter que plus l'individu est influent et actif socialement, plus ces procédés sont finement huilés et donc pratiquement indétectables.


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 L'hypnose perverse au service de l'emprise.


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Toute personne qui a connu un pervers narcissique dans sa vie conserve, quelque part en elle, une cicatrice à moitié béante résultant d'une emprise plus ou moins longue. 

Il suffira parfois d'un déclencheur anodin pour que l'ancienne victime devenue aujourd'hui survivante se retrouve à nouveau hantée par des croyances déviantes inculquées au fil du temps par le PN.
Celui-ci peut être un son, un mot, une odeur, une sensation mais il aura toujours un lien avec nos cinq sens.

Le pervers narcissique, pour asseoir son emprise mentale sur sa proie, activera progressivement des procédés  empruntés à l'hypnose.

Tous sont en lien avec nos cinq sens.


Une fois la période de séduction passée, le pervers narcissique entreprend d'évaluer les limites de sa potentielle victime afin de savoir s'il pourra ou non la manipuler à sa guise. 


Pour se faire, il va utiliser son arme favorite : les mots. 


Pour brouiller les défenses psychiques de sa proie, il va peu à peu augmenter le débit de ses phrases au point de monopoliser l'attention et de ne plus lui laisser le temps de réfléchir par elle-même.

Semer la confusion pour tisser sa toile tel un parasite, monopoliser les pensées pour dominer totalement sa victime, voilà le dessein premier du PN.


Dans "Mon Roi" (2015) , Maiween a parfaitement illustré ce phénomène durant le premier noeud du film lorsque Georgio ( Vincent Cassel) assoiffe verbalement sa compagne ( Emmanuelle Bercot) laquelle ne parvient plus que difficilement à s'exprimer. 

En occupant la totalité de la scène, il impose d'ores et déjà à sa future épouse les règles du jeu : tout échange sera vain, la réciprocité étant absente de leurs dialogues ( souvent unilatéraux ) et plus largement, de leur relation. Aussi, on peut noter que durant les deux heures du long métrage, Cassel possède davantage de répliques que sa partenaire, chose qui n'est pas un hasard mais bien l'expression du  souhait de la réalisatrice d'illustrer ce mécanisme pervers.


Pour annihiler toute barrière psychique chez sa victime, le pervers narcissique va alors utiliser, en plus de la parole, un autre sens à son secours.
 
En associant un débit acceléré de parole  à une musique entêtante ( ouie), à de brèves accolades ( toucher) , à des allers retours d'une pièce à une autre ( vue) ou encore à un excès de parfum ( odorat), il va alors semer la confusion pour mieux installer durablement son emprise mais aussi mentir sans prendre le risque de se faire coincer.


Le pervers en pratiquant ce semblant d'hypnose sortira constamment vainqueur des " conversations ", ne donnera que peu d'informations sur lui-même sans jamais voir démasquées ses véritables intentions. Il pourra infiltrer tous les milieux à sa guise et faire danser autrui selon son bon vouloir.


Exemple : 


Un homme ayant travaillé durant trois ans avec un pervers narcissique ( également manipulateur adepte du harcèlement moral dans son entreprise ) m'a confié ne plus être apte à réfléchir après certaines discussions en tête à tête avec l'individu en question. Il en résultait un sentiment de confusion et de mal être chose qui lui a mis la puce à l'oreille. Son esprit n'avait alors pas encore conscience qu'on tentait de le prendre d'assaut tandis que son corps lui envoyait des signaux alarmants.
Un jour, le PN désirant justifier son absence de réponses à de nombreux coups de fils infructueux  lui a débiné un scénario à dormir debout :
Prétendant s'être fait dérobé son téléphone par un voleur à la sauvette, il n'avait pu répondre aux appels de son collègue durant ses vacances mais la chance avait voulu qu'un policier le trouve par hasard dans la rue et vienne le lui rapporter à son domicile la veille de sa reprise
Sacré chanceux ce PN. 
Pourtant, aussi abracadabrante que soit cette histoire, son collègue de travail a cru son interlocuteur sans chercher davantage d'explications.

Il lui aura fallu du temps pour comprendre que quelque chose clochait davantage que le récit en lui-même :       
    
La sensation de confusion psychique et de malaise physique qui suivait sa confrontation avec le pervers narcissique.
Me décrivant une sorte de brouillard , il n'était pas en mesure de comprendre qu'il avait été hypnotisé sciemment. 

Pendant l'entretien, le PN le fixait m'a t-il confié tout en baissant les yeux régulièrement comme s'il cherchait du regard un objet imaginaire à ses pieds. 

En rythme, il lui serrait également le bras sans en avoir l'air comme pour marquer ses propos d'une fausse bienveillance avant de finalement quitter la conversation.


Ne supportant pas d'être face à ses responsabilités, un pervers narcissique préféra inventer une autre alternative à la réalité voire parfois fuir plutôt que d'être pris en faute. Nous remarquerons que ce cas illustre parfaitement la stagnation des PN à l'état infantile tant ce récit sans hypnose n'aurait pu trouver oreille attentive.

L'hypnose que les PN réalisent de manière inconsciente ( ou non selon les degrès ) vise à convaincre son entourage de ses élucubrations et donc à sortir vainqueur de toutes les situations où ils pourraient perdre toute crédibilité.




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Les apparences au service de l'emprise psychologique



Par ailleurs, nous savons que le pervers narcissique singe constamment une normalité de façade pour s'immiscer dans la société sans jamais prendre le risque de se faire démasquer.

Il s'agit d'un reflexe de survie afin de ne pas sombrer dans la folie.

Ce réflexe, il va progressivement finir par transmettre à sa proie qui manifestera peu à peu un gout pour travestir la réalité dans le but de la rendre plus conforme à ses désirs.

Cette dernière aspire par dessus tout à voir en son bourreau un prince charmant venu combler son manque affectif et, sans le vouloir, elle va se convaincre de la perfection du pervers en sombrant dans le déni.
Si le PN dissimule son vidé émotionnel en imitant les comportements qu'il admire chez les autres, la victime tend à se raccrocher au conformisme qu'elle observe autour d'elle afin de ne pas éveiller les soupçons sur la véritable nature de cette relation que tout le monde considère comme idéale.

Tourmentée par sa frustration de ne pas voir ses rêves se réaliser, au lieu de quitter la relation, la proie choisira d'abord inconsciemment de sauver les apparences dans l'espoir d'un happy end digne des meilleurs Disney. Pensant à tort influer sur le comportement du PN, elle va chercher en elle les réponses aux dysfonctionnements de son couple avant de finalement fermer les yeux sur les aspects les moins reluisants de son partenaire.

Aussi, il n'est pas rare qu'après la rupture, la victime prenne conscience des multiples vies du PN, pourtant à sa portée depuis le commencement, mais qu'elle avait préféré laisser de côté pour ne pas entacher ses ideaux.
Evidemment, la proie n'a pas conscience de son fonctionnement mais pourtant elle contribue à offrir au pervers une impunité quasi totale y compris après la rupture, où, celle-ci, trop honteuse, ne révélera rien des maltraitances psychiques et/ou physiques qui furent les siennes.

Voilà pourquoi le PN peut choisir une nouvelle cible en toute tranquillité : il sait que les cadavres qu'il a laissé derrière lui ne sortiront pas de leurs cercueils.
Il peut dormir en paix : ses secrets sont protégés et ne referont jamais surface.

Il est très rare qu'une victime révèle la vérité sur son bourreau tant la honte d'avoir été manipulée s'avère tenace. Le PN choisit sa proie également en fonction de sa fierté et de son statut social afin que si rupture il y avait son image ne soit entachée.

C'est pourquoi, il est essentiel de dire la vérité sur le PN. 

Sans doute la plus grande vengeance de la proie sur son bourreau se résume en une phrase : prendre la parole.

Sans cela, l'emprise est maintenue et le pacte pervers continuera éternellement.



Exemple : 


Alors que je venais de quitter le pervers narcissique ( je n'emploierais pas l'adjectif possessif " mon" pour désigner cet individu car cela sous entendrait que je conserve un lien émotionnel avec cet individu), j'ai rencontré par hasard une jeune femme que nous cotoyions tous les deux au début de notre histoire.


Celle-ci m'a alors demandé presque immédiatement des nouvelles du PN.

Alors que je ne le voyais plus, j'ai feins que tout allait pour le mieux entre nous allant même jusqu'à vanter sa vie professionnelle.

Pourquoi ai-je agi de la sorte ? 
Qu'est ce qui m'a poussé à mentir à une personne qui, au fond, se fiche bien de ce qui peut advenir de mon couple?

Il va de soi que tout au long de l'emprise, lors des périodes de crises ou de no contact , afin de ne pas passer pour la victime que j'étais, j'ai simulé une entente parfaite avec mon partenaire. 

Ne voulant pas avouer aux autres mais également à moi-même que je m'étais trompée, j'ai donné le change encore et encore allant jusqu'à franchir de plus en plus de limites. 

Et même lorsque nous étions redevenus des étrangers, je continuais à le couvrir.

Ma réputation en dépendait. Après tout, mieux valait endosser le rôle de l'ancienne compagne que de celui de la proie sans bourreau.

C'était pourtant ce que j'étais : une victime en mal de violence, conditionnée à encaisser sans bruits sa condition de potiche d'un démon protéiforme. 

J'attendais le retour de mon cancer psychique avec une impatiente d'enfant attendant Noël. 
Pour ne pas ternir les retrouvailles, je polissais l'image du PN afin de pouvoir continuer à endosser le rôle du faire valoir d'un vampire solaire, fou du roi par moment, défouloir d'un enfant pourri gâté le trois quart du temps.Quand nous nous retrouvions, toutes les conditions étaient réunies pour que personne ne soupçonne nos problèmes. Aussi, PN pouvait continuer à laisser libre cours à sa folie attendu que je veillais à donner le change. Je contribuais à sa quête de normalité. Sans le vouloir, je participais pleinement à ce vaudeville pervers. Il était donc essentiel que ma contribution cesse. 

Si ses anciennes proies se contentaient de fuir, je me chargeais de faire entendre ma voix et la leur, par procuration.


Alors quand on m'a, à nouveau, demandé des nouvelles du PN,j'ai raconté, rabâcher, reraconté...mêlant les détails aux souvenirs je réecrivais l'histoire.

Du couple glamour que tout le monde admirait, il ne reste plus rien. J'ai mis le feu au passé. PN ignorait en me choisissant que j'avais recommencé ma vie plusieurs fois. Ce secret, je le concervais au plus profond de moi afin qu'on ne me le vole pas. Il me sauvait aujourd'hui. Il ne reste désormais plus rien de " nous " mais pour la première fois je reprenais plaisir à utiliser le mot "je ". 

Qu'est ce que ça pouvait faire qu'on me croit ou pas, qu'on rigole de mes propos ou même qu'on se les approprie ? Le tout étant de recommencer.


Proche du Syndrome de Stockholm, ce comportement rend l'emprise totale et éternelle d'où la nécessité pour les victimes de parler et de ne pas hésiter à discréditer le PN à leur entourage commun. Bien que souvent ce sera elle qui deviendra la paria de l'histoire, la prise de parole se révèle l'acte le plus salutaire au lendemain d'une relation toxique de ce niveau.

Le pervers narcissique compte sur la culpabilisation qu'il a inculqué à sa proie pour qu'elle se sente responsable de la rupture.

Il n'en est rien.

Tout ce qui provient d'un pervers narcissique n'existe pas.
Il compte sur la honte ressentie par sa victime pour qu'elle ne s'avise pas à ternir son image de gendre idéal.

Miser là-dessus, c'est sans doute, le plus gros coup de poker amorcé par le PN puisqu'en étant entré en "relation" avec sa proie, il a alors oublié le risque qu'il serait susceptible d'être dévoilé lors d'une éventuelle séparation.

A la victime maintenant d'assumer la réalité qui fut la sienne et de lever le voile sur la véritable image de cet individu.
Le PN et sa victime sont, tous deux, unis par le même désir de briller socialement.

Pour le premier, il s'agit d'un moyen de parvenir à gravir un à un les échelons de la société tout en masquant la noirceur de ses intentions.

Pour la seconde, ce n'est qu'une manière de panser ses propres failles narcissiques en devenant le faire valoir d'un individu considéré à tort comme charismatique et influent.

La rencontre de ces deux personnages hantés par un vain désir de reconnaissance marque le début de la fin de leurs individualités respectives.

Le pervers endossera,tour à tour, les rôles de sauveur, de bourreau et de victime pour rendre prisonnière sa cible tandis que cette dernière se complaira longtemps dans son statut de martyr afin de ne pas avoir à explorer ses propres souffrances.


C'est justement la mise en lumière des démons de la victime qui marquera le début de sa libération.











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